mardi 25 mars 2008

Dissuasion nucléaire Française et Europe de la défense

Le 21 mars dernier, alors que les Armées présentaient le SNLE sous-marin nucléaire lanceur d’engins "le Terrible" à Cherbourg, Nicolas Sarkozy a évoqué les liens entre la dissuasion nucléaire Française et l’Europe de la défense :
"S’agissant de l’Europe, c’est un fait, les forces nucléaires françaises, par leur seule existence, sont un élément clef de sa sécurité. Un agresseur qui songerait à mettre en cause l’Europe doit en être conscient. Tirons-en, ensemble, toutes les conséquences logiques : je propose d’engager avec ceux de nos partenaires européens qui le souhaiteraient, un dialogue ouvert sur le rôle de la dissuasion et sa contribution à notre sécurité commune. Notre engagement pour la sécurité de nos partenaires européens est l’expression naturelle de notre union toujours plus étroite".
C’est un mouvement important dans la doctrine d’emploi des armes nucléaires qui semble s’amorcer.
Les questions sont nombreuses :
Que signifie mettre en cause l’Europe ? S’agit-il de préserver l’intégrité territoriale de tous les pays membres ?
Notre engagement pour la sécurité de nos partenaires européens, cela signifie-t il que nous offrons une alliance concurrente ou complémentaire à l’OTAN ?
Quelles que soient les réponses, nous voyons bien combien cette dissuasion dont l’emploi reste entre les mains d’un homme ou d’une femme détenteur d’une fonction élective directe, conserve un caractère national.
Sauf à en transmettre l’emploi à une entité supra nationale non définie, c’est bien le Président de la République Française qui peut faire usage de cet outil de défense et de souveraineté. Et de cela, heureusement et évidemment il n’en a pas été question dans le discours de Nicolas Sarkozy.
A travers des mots bien tournés et des phrases alléchantes on cherche toujours à faire croire au Français qu’en dehors de la technostructure l’Union Européenne pas de salut, mais la réalité est là : l’emploi de l’arme nucléaire, même à des fins altruistes reste du ressort du chef de la Nation.
Le débat sur l’Europe de la défense a un sens car il permet de définir la réalité et les limites de cette Union Européenne :
Ses frontières par exemple ! On ne pourrait défendre avec l’arme nucléaire qu’un territoire explicitement désigné comme d’un intérêt vital pour l’Europe si ce n’est pour la France.
Ses financements. Petite remarque de fond, la défense demande un effort financier. Demain avec les lois de finances et la loi de programmation militaire - qui tarde à montrer de quoi elle pourrait être faite -, nous verrons si l’effort de défense de notre pays est à la hauteur des discours comme des enjeux. Vous avez dit 2% du PIB, espérons pour la France... mais où en sont nos voisins ?
Sa politique. Nous ne reconnaissons pas tous les mêmes pays ! Et je ne parle même pas du Kosovo, mais du psychodrame historico-sémantique pour l’entrée de l’Ex-République yougoslave de Macédoine pour les uns, Macédoine pour les autres, dans l’OTAN...
Beaux débats en perspectives !